A_Girl_at_My_Door_poster

 

Nous avons eu la chance de pouvoir assister hier à l’avant-première d’A Girl at my Door en présence de sa réalisatrice. Retour sur ce premier long métrage de July Jung  qui s’attaque ici aux violences faites aux enfants mais aussi à la difficile acceptation de l’homosexualité dans son pays.

Young-nam (Doona Bae, The Host, Air Doll, Cloud Atlas), jeune officier de police, est mutée dans un petit village côtier pour se faire oublier quelques temps après que son homosexualité ait été découverte. Elle découvre une petite communauté essentiellement composée de personnes âgées, à l’économie exsangue, qui ne survit que grâce à son activité de pêche assurée par une main d’oeuvre immigrée. Young-nam y fera la rencontre de Sun Dohee (Kim Sae-ron), abandonnée par sa mère et battue par son père alcoolique. Emue par le sort de la jeune fille, notre héroine décidera de la prendre sous sa protection, s’exposant par là-même aux préjugés induits par son orientation sexuelle.

July Jung dresse ici un réquisitoire contre la violence infantile d’abord, mais dénonce également d’autres travers de la société coréenne contemporaine comme le rejet de l’homosexualité, l’alcoolisme ou encore l’exploitation de la main d’oeuvre immigrée. On regrettera peut-être cette dispersion qui rend l’ensemble un peu poussif et lui donne une dimension militante qu’une réalisation sobre avait permis de limiter (interrogée sur ce point, la réalisatrice s’est pourtant défendue d’avoir été animée d’une volonté de dénoncer à outrance).

On pourra également déplorer quelques limites scénaristiques. Young-nam, officier de police, ne prend aucune mesure à l’encontre du père de Sun Dohee alors que cette dernière présente des blessures très graves. Pire, après l’avoir hébergée quelques temps, elle la renvoie chez elle, l’exposant à nouveau à des actes de maltraitance. Peut-être aura-t-elle voulu préserver le fragile équilibre économique de la localité, le père de Dohee en étant le principal entrepreneur. Mais cette hypothèse apparaît difficilement acceptable eu égard à la gravité des faits. Par ailleurs, la thématique de l’alcoolisme est traitée assez maladroitement. L’héroine qui noie son malêtre dans la boisson, c’est du très classique. Sauf que là, elle s’enfile du soju par bouteilles de deux litres, et ne présente pas le moindre signe de faiblesse. Cette situation est peu crédible, mais surtout affaiblit le message puisqu’on se dit que finalement l’alcool n’est pas si nocif. Enfin, on déplorera une issue un peu trop facile. La fillette innocente, qui cinq minutes auparavant répondait naivement aux questions de l’assistante sociale, organise un coup monté pour piéger son père. On peine à y croire. July Jun tentera bien de rattraper le tir en nous la dépeignant comme une petite psychopathe en herbe, pourquoi dans ce cas aurait-elle chargé Young-nam durant son interrogatoire ?

Mais en dépit de quelques maladresses, A Girl at my Door est un bon film qui bénéficie surtout d’une réalisation soignée. Le style épuré de July Jung est particulièrement efficace. Ici pas de pleurs excessifs ni de musique larmoyante – d’ailleurs la musique est très peu présente. Le sujet est suffisamment grave pour que sa simple représentation suffise à générer l’émotion. Les acteurs sont excellents – mention spéciale à Doona Bae et Kim Sae-ron. C’est aussi l’occasion de sortir de Séoul ou Busan et de découvrir le mode de vie dans les régions réculées de Corée avec en prime quelques splendides paysages. On passe un bon moment et il convient d’en profiter, les occasions de voir un film coréen dans les cinémas de l’hexagone ne sont malheureusement pas si fréquentes.

Jouer pour gagner des lots de deux places pour voir le film en cliquant sur le lien suivant :

Concours A New girl at my door : remporter deux places pour voir le film

July Jung  était présente à l'avant première. Remerciement à Joe Skoo d'Asiagora
July Jung était présente à l’avant première.
Remerciement à Joe Skoo d’Asiagora
Previous articleWarlord : la Dark-Fantasy made in Korea
Next articleForum des images : festival un etat du monde … et du cinéma post fukushima

Laisser un commentaire