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Le Japon entreprit d’envahir la Corée (à l’époque, Joseon) par deux fois en 1592 puis en 1597. Cette période est connue sous le nom de la guerre d’Imjin. Au terme de la première phase, l’Amiral coréen Yi Sun-sin (campé par le génial Choi Min-sik qu’on ne présente plus) soupçonné d’espionnage est arrêté et torturé. En juillet 1597, lors de la seconde offensive japonaise, la marine coréenne est détruite. Yi Sun-sin, enfin libéré et sans aucun titre militaire, décide de rassembler soldats et armes et prend le contrôle des douze derniers navires coréens encore en état de naviguer. A la tête de cette petite flotte, il va se lancer dans une mission impossible : stopper la progression de l’armada japonaise et protéger la capitale et le Roi.

Amateurs de batailles épiques et de grand spectacle, armez-vous de patience. Il faudra en effet compter une bonne heure avant que vous n’y trouviez votre compte. La mise en place du contexte est, en effet, particulièrement longue ici : discussions tactiques, enjeux politiques, rivalités internes et trahisons sont autant d’étapes qu’il faudra franchir avant de voir enfin un bateau à l’eau. Cette entrée en matière est d’autant plus éprouvante pour le spectateur européen, pas nécessairement au fait des éléments historiques clés ni de la géographie coréenne. Pendant la première partie du film il pleut littéralement des personnages historiques (coréens comme japonais) et des iles, des détroits, des ports à tel point qu’il faudra presqu’imprimer une carte pour comprendre de quoi il s’agit. Mais à l’issue de cette première partie durant laquelle on apprend que notre héros, courageux et loyal, était également un tyran psychorigide animé d’un sens aveugle du devoir, le spectacle commence enfin. Et là, on en a pour son argent : combats dantesques, moments de bravoure, sacrifices magnifiques, musique larmoyante, quelques personnages classes pour le style tel qu’un sniper japonais ou un bonze à la lance. C’est beau, c’est prenant et Kim Han-min (qui a commis notamment l’excellent War of the Arrows) parvient même à nous arracher une petite larme au passage. Alors Roaring Currents n’est pas exempt de tout reproche. On pourra regretter un « manichéisme » (allez, disons patriotisme) un peu trop prononcé. Pour dire les choses clairement : le Japon c’est le mal (ce qui, sans remettre en cause les faits historiques, n’est pas spécialement adroit dans le contexte qu’on connait). Par ailleurs, la pratique, d’ailleurs très nippone pour le coup, du personnage spectateur qui commente les événements, c’est chiant. Certaines crises de panique de soldats apeurés sont surjouées et font un peu tache. Mais hormis ces quelques écueils et le fait qu’il soit un peu long à démarrer, Roaring Currents est un excellent divertissement à découvrir au plus vite.

Nota Bene : le film aura totalisé 17 611 849 d’entrées en 14 semaines (pour un pays de 50, 22 millions d’habitants)

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1 COMMENT

  1. Pour les lecteurs VN , la transcription des noms coréens , ce qui leur permettra de mieux apprécier l’article :
    _ Joseon , Chosen = Triều ( matin ) Tiên ( frais ; pas ermite , pas calme )
    _ Imjin = Nhâm Thìn ( année du Dragon d’eau )
    _ Yi sun sin = Lý Thuấn ( empereur mythique chinois ) Thần ( sujet ) Ce fut l’équivalent de l’amiral Horatio Nelson , vainqueur de Napoléon .
    _ Roaring Currents vient du nom du détroit de Myeong nyang = Minh ( rugir , crier ) Lương
    ( défilé ou détroit ) où a eu lieu la bataille navale décisive qui a détruit toute chance japonaise de gagner . A cet endroit très serré , les courants sont très forts . L’amiral Yi a utilisé sa science du combat et sa connaissance du terrain et des courants pour vaincre avec 13 cuirassés coréens une flotte japonaise de 100 bateaux de guerre et 200 transports de troupes japonaises
    _ Choi min sik = Thôi mân ( montagne ) Thực ( arbre )

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