Niannian, un Chinois âgé de 10 ans, assiste à l’épidémie de somnambulisme qui ravage son village. Au paroxysme de la contagion, la bourgade semble envahie par des zombies. Dans leur déambulations parfois feintes, hommes et femmes assouvissent leurs pires fantasmes, pillent, saccagent. Les vrais malades meurent. Les incinérateurs submergés inspirent un projet indécent à l’oncle de Niannian : s’enrichir en revendant de l’huile de cadavres. Dans ce théâtre de tous les vices, les réflexions de l’enfant véhiculent un humanisme fulgurant d’honnêteté et de conscience. L’auteur active tous les leviers pour une mise en abyme totale. Il se met lui-même en scène parmi les morts-vivants, cite ses ouvrages précédents pour évoquer un monde où « le présent avait péri dans un cauchemar ». Et si cet habile roman fait étrangement écho aux événements récents et la pandémie de Coronavirus, il image également le passé de la Chine et questionne de façon inquiétante son avenir.
La mort du soleil par Yan Lianke, traduit du chinois par Brigitte Guilbaud, Editions Picquier, 400p., 22,50€