Il n’avait jamais pu se faire à cette lumière avare qui parsème de biais les avenues quand l’hiver fait basculer l’hémisphère. Cette lumière était pour lui plus douloureuse que la barrière de la langue qui le laissait interdit et hébété parfois, plus encore que la solitude et la nostalgie qui l’étreignaient le soir quand lui revenaient les bribes d’une autre vie. Presque aussi douloureuse que le sourire vaillant de son épouse, ses gestes précis pour se coiffer, s’apprêter et se glisser dans un quotidien sans remous. Cette lumière, se disait-il, ne serait jamais qu’une servante pour celle qui l’éblouissait lors des aubes de son enfance, là-bas, dans son pays aux matins clairs. Il se disait cela tout en remontant le boulevard Maxime Gorki. La lumière jaunissait les immeubles en origamis déjà si ternes de son quartier. Un vent glacial lui fouettait les mollets et rabattait son mince pardessus qui par ailleurs n’offrait aucun rempart à sa morsure. Il avait si souvent remonté cette rue, l’épaule arrachée par un cabas de courses et les jambes comme retenues par un courant contraire. Aujourd’hui il ne portait rien, mais le poids sur ses épaules semblait le même.

Devant l’immeuble, il se pencha vers le clavier cuivré du digicode et tapa avec application les 5 signes qui en sanctionnaient l’entrée. La langue entre les dents, il appuyait très fort sur chaque touche et réfléchissait soigneusement à chaque geste. Parfois il pensait en souriant à la première semaine qu’il avait passé dans cet immeuble. Avant de prendre le pli, il tapait si lentement que le dispositif se réinitialisait entre chaque chiffre et faussait à chaque fois la combinaison. Il avait toujours été fasciné par les adolescents des barres alentours ou ses propres voisins qui pianotaient machinalement le code, convoquant une mémoire-réflexe programmée au bout de leurs doigts. Pour sa part, chaque fois que la LED tournait au vert et qu’il entendait le déclic salvateur de la serrure, il ne pouvait réprimer un sentiment de soulagement puéril qui lui réchauffait le corps, comme préemptant la douce chaleur de l’intérieur.  En poussant la lourde porte vitrée, il huma à plein nez l’odeur du hall. Pour lui, c’était l’odeur de la France elle-même, son parfum essentiel, familier et pourtant si exotique, comme celui du savon d’une jeune maîtresse. Alors qu’il prétextait coupablement d’un essuyage de semelles particulièrement méticuleux pour profiter du moelleux paillasson de l’entrée, il s’attarda encore quelques secondes pour se délecter du parfum. La plupart d’entre vous ne le remarquent presque jamais. Lui se gonflait les poumons à plein régime d’autant plus que la fragrance était succincte et parfois si insaisissable. Son hall, comme tous les halls de France, comme les couloirs de Roissy et les salles d’attente des cabinets médicaux, exhalait la tabatière, le café et le bonbon. Bien sûr il savait que c’était l’odeur mêlée des habitants et du produit chimique utilisé pour shampouiner la moquette, mais le savoir n’entamait en rien le bonheur qu’il avait à la respirer.

Il s’impatientait de l’ascenseur qui l’emmenait au neuvième étage, il y avait laissé seule son épouse. Quelque part, c’était à chaque fois un déracinement. Depuis leur mariage, 27 ans auparavant, ils ne devaient guère s’être séparés plus d’une dizaine de fois. Et pour ainsi dire pas une seule depuis leur arrivée à Paris, il y a maintenant 11 ans. Ici, dans ce pays qu’ils aimaient sans pouvoir éviter de s’y sentir seuls et perdus, ils étaient l’un pour l’autre un îlot, un port, une bouée. Pour ceux, vagabonds, qui traversent ce monde en laissant famille, amis, foyer derrière eux, il n’y a plus jamais de chez soi. La maison, désormais, c’est l’Autre. Cet Autre qui a tenu la main quand les larmes sont venues dans le siège de l’avion. Celui avec qui, le seul désormais, ce n’est pas une épreuve de dialoguer. Celui qui a posé 100 fois son sac au milieu d’une pièce vide et dit « Voilà, c’est ici chez nous, à présent. ». Pour lui, elle était tout cela : sa maison, son toit, un débris de bateau salutaire au milieu de l’océan. Elle, son indestructible épouse, ancre et gouvernail, elle l’avait si sûrement guidé et aveuglément suivi. Aujourd’hui, il n’avait rien d’autre qu’elle. Il avait en mémoire le parfum du jasmin étoilé qu’elle tressait patiemment tous les soirs sur la treille du jardin. Il revoyait sans cesse ses mains déjà abîmés par l’eau et l’ouvrage tandis qu’elle conservait un éternel visage d’enfant. Et cette image, déjà jaunie par le temps et la distance qui le séparait à présent de son petit jardin, se substitua un instant au réel lorsqu’il poussa la porte de leur appartement. Faute de jasmin, elle manipulait quelques feuilles froissées sur la petite table en bois laquée. Leur seul mobilier dans ce petit appartement. La pièce était impeccable et vide. Pourtant, elle lui sembla un refuge accueillant, venant du dehors, comme si elle eut été matelassée ou tendue de satin. Elle formait comme une petite boîte en bois autour d’eux.

« Je suis rentré ».

Il la vit soulever son visage rond et plein vers lui. Sa petite tête lui offrit, comme chaque fois qu’il lui parlait, le spectacle d’un minuscule lever de lune, donné juste pour lui. Le sourire qui s’épanouit alors sur ses lèvres comme à chaque fois, comme si elle découvrait un nouvel et jeune époux, lui brisa le cœur. A cet instant aussi, et malgré tout, le visage tuméfié, elle était heureuse de le voir. Bien entendu, elle ne lui sauta pas au cou, et l’embrassa encore moins. Ces choses-là ne se faisaient pas chez eux. Cette affection tactile, débordante, animale qui caractérisait les rapports intimes chez les Blancs, provoquait en eux une gêne de collégiens. Une éducation non pas austère mais du moins distante et élaguée de tout contact leur avait fait cultiver une pudeur et un respect strict des barrières physiques, jusque dans l’intimité du couple. Ce n’est pas qu’on ne s’aimait pas, ni que l’on répugnait à le montrer, mais plutôt que la simplicité de leurs familles respectives autant que la priorisation de sujets plus pragmatiques avaient naturellement écarté les démonstrations d’amour tels que les mots doux ou les gestes tendres. Dans ce contexte affectif extrêmement épuré, le « merci » d’un parent pour une tâche qui incombait de fait à l’enfant, un fruit coupé offert ou comme ici, un simple sourire appuyé, valaient alors toutes les plus grandes déclarations du monde. Il se souvenait de son départ du village pour la capitale, avant de prendre l’avion qui le conduirait lui et son épouse à Paris. L’annonce du départ avait été reçue dans la plus grande neutralité. On savait pourtant de quoi il retournait vraiment. Ils avaient tous les deux fait le tour des tombeaux des aïeux morts puis des vivants. Ils avaient entendu avec humilité mille recommandations de la part de ces sages qui n’avaient jamais quitté leur village. Le dernier soir, il n’y eut aucun discours, aucune célébration, pas même un plat cuisiné spécialement à l’attention de ces grands enfants qui partaient probablement pour toujours. Ce fut un soir comme les autres dans la tranquillité rassurante du foyer, à l’heure où toutes les rues sont désertes. De ce moment si puissant de sérénité universelle, où les enfants sont en pyjama, et les hommes désarmés à leurs tables, ils ne s’en souviendraient même plus. De ce dernier soir parmi les leurs, ils n’emporteraient rien. Le lendemain, ils avaient pris la navette pour la ville, d’où ils partiraient sans retour. Personne ne les avait accompagnés jusqu’à l’arrêt. Mais leurs poches étaient pleines de billets, tout ce qu’on avait pu donner, de petites choses à manger sur le chemin et d’espoirs tus. Arrivés à l’aéroport, il avait fait tomber de son sac une petite enveloppe qu’il n’avait pas vue, en sortant ses billets. Le pli, adressé à son nom, était écrit de la main bien connue de son frère. Une boule lui avait labouré le ventre, un sentiment qui deviendrait son compagnon le plus sûr. A l’intérieur, qu’elle ne fut pas sa surprise quand il découvrit un étui en plastique destiné à protéger son passeport. La note disait juste « Pour protéger ton passeport » signé de son prénom. Il lui avait un jour mentionné son incapacité à se procurer cet objet, peu de temps avant son départ. Cette dernière attention, si terre-à-terre, acheva de lui fendre l’âme. Dans ce quotidien où chaque dépense était comptée, son caractère extrêmement superflu tranchait avec le reste. Il ne lui avait pas écrit une longue lettre cousue de sentiments. Il ne lui avait pas dit tout ce qu’un frère est attendu de dire quand vient un adieu. Il lui avait fait don d’un petit effort supplémentaire, un petit rien qui pourrait lui procurer un peu de confort en plus. Et par-dessus tout, il avait fait ce geste sans qu’on ne lui demande rien, juste parce qu’il en avait vaguement exprimé le besoin. C’était cela l’amour tel qu’il le connaissait.

–   Tu as pu vendre la chaise, dit-elle seulement, ce n’était pas une question.

–   Oui, mais à cause de la fêlure, il n’en a donné que 50 centimes.

–   Elle était mal en point, cette chaise…

Leurs voix tremblaient à peine. Elle baissa la tête doucement tandis que les pièces roulaient de sa main à la sienne. De là, elle se déversèrent encore dans l’autre puis vinrent s’aplatir sur la table, près d’un petit morceau de papier, aussi fin et ridé que la main qui tentait alors de lisser.

–   Et… toi ? demanda-t-il alors que son geste venait de lui rappeler qu’elle aussi avait une mission. Il hésita un peu en regardant le papier.

–   Je crois que ça va aller.

Il saisit son sourire, toujours aussi doux, toujours aussi chaleureux, mais quelque chose l’ébréchait quelque part, un peu comme la chaise. Il perçut comme une rupture minuscule dans l’onde qui fluctuait d’elle à lui. Il sentit comme il se remettait tout entier à elle, dans une confiance insondable et ininterrompue.  Mais cette ridule à la surface de leur résolution, l’ébranla totalement.

Il se trouvait meurtri de honte à l’idée de ce qu’il allait faire. Il n’avait ni peur, ni tristesse, juste une honte insondable. Il se sentait à court de temps, de ressources, d’énergie, à l’extrémité même de sa propre vie. Il était appelé quelque part par le vide, écrasé par un poids immense et suppliait la terre de s’ouvrir sous lui afin de l’en libérer, enfin. Mais même cette libération, pensait-il, quel était son prix ? S’il se libérait de ce poids, sur qui reposerait-il ? Quelle trahison allait-il commettre ? Il était hanté par mille visages. Il les voyait alignés dans l’ombre, sans réprobation ni haine, juste terriblement présents. Tous ceux qui s’étaient dévoués sans limites pour lui, ses parents, ses amis, ses lointains professeurs, ce guichetier si compatissant, si patient avec son français difficile, ce passant qui n’a pas voulu le laisser jusqu’à l’avoir accompagné à bon port, ce concierge qui lui était presque une famille à présent, tous seraient trahis. Et de cette honte-là aucun gouffre ne pourrait le soustraire, pensait-il. Quelle humiliation, lui sur qui tant d’espoirs étaient venus s’échouer. A mesure que l’heure fatidique s’approchait, toute issue semblait illusoire, même la plus extrême et la plus définitive. Il se sentait acculé et si vulnérable. Sous ces tempes grisonnantes d’homme respectable palpitait le pouls incroyablement rapide d’un tout petit animal qui n’a plus en lui que l’instinct d’auto annihilation. Le ciel est blanc, et petit à petit tout disparaît dans un flash éblouissant. Le silence devient épais comme une ouate synthétique et assourdit jusqu’à la folie. Tout s’éloigne progressivement même l’oxygène des poumons. Une douleur sourde. Un cri. Et la nausée refluant des profondeurs de l’être comme un accouchement inversé. Plus rien n’existe. Tout disparaît.

–   Chéri…

Soudain, il se sentit refaire surface. La crise de panique n’avait duré qu’une seconde mais il semblait qu’il avait quitté la pièce durant un siècle.

–   Tu es en sueur, tu ne m’entendais plus, qu’est-ce qu’il y a ?

Plus de mots. Sa femme le regardait avec une douce inquiétude qui tranchait sûrement avec le regard d’effroi qui dilatait ses pupilles.

–   Viens t’allonger un peu.

Se tenant tous deux par la main, les époux s’allongèrent sur le parquet nu qui gémit doucement. Côte-à-côte, dérivant sur le bois brillant, ils contemplèrent un instant le plafond de crépi. Il leur sembla qu’il était rond comme le Ciel, face à eux, sur le parquet, carré comme la Terre. Et entre la Terre carrée et le Ciel rond, leurs deux êtres microscopiques ne faisaient plus aucun sens, n’avaient plus aucune espèce d’importance. Ils disparaitraient comme ils étaient apparus : sans aucun bruit ni incidence sur la longue et inébranlable existence du monde. Cela le rassénéra un peu. Mais la honte, elle, subsistait. Il tourna la tête vers sa femme et vit qu’elle pleurait. En silence. Ses yeux était grand ouverts et son visage lisse. Il n’avait jamais vu cela. Une douleur si intense qu’elle ne crispe même plus le visage. Les larmes coulaient en silence, rien ne les arrêtait. Elles suivaient en file indienne continue le lit des pattes d’oie, l’arrondi des pommettes, un creux dessiné par la tempe, puis enfin venaient mourir dans l’oreille. Il prit soudain conscience de sa présence. Elle était là, exactement là. Il fut pris d’un remord inexpugnable à l’idée qu’il l’avait si égoïstement oubliée dans cette affaire. Elle aussi ressentait sans aucun doute la honte qui l’assaillait maintenant à chaque minute de sa vie depuis des semaines, sans répit. Il eut subitement l’envie d’en finir.

–   Allons-y.

세화해수욕장, 제주시, South Korea . Photo par Ryan Yoo https://unsplash.com/photos/i4wJnEebJVo

Elle opina. Que pouvait-elle faire de plus, cette petite femme courageuse ? Tout était décidé depuis longtemps. Tout, ou presque, était réglé. Ils ne pouvaient rien faire de plus.  Ils se levèrent, s’époussetèrent un peu pour regagner la mise impeccable qui les caractérisaient tous deux. Il arrangea ses cheveux un peu défaits, elle épongea son visage humide. Ils s’inspectèrent l’un l’autre, ajustant ça et là une mèche, un pli, une poussière. Deux rongeurs soigneux à la toilette. Enfin, ils prirent une grande inspiration et l’on aurait dit un couple de politiciens surpris à la minute précédant une entrée en scène. Dignes et gonflés d’espoir. Ils avaient eu un moment de faiblesse, une fulgurance qui pouvait survenir parfois, un trou d’air rempli d’atermoiements inexpliqués, d’une anxiété vaine et égoïste. Si l’âme européenne pouvaient en être pétrie, la nature de ce sentiment leur était étranger. Dans une longue existence de privations, d’exils, de compromissions et d’oubli, quelle était la valeur du soi ? Quel individu pouvait jauger sa propre peine à l’aune de l’immensité qui l’entourait ? Où même trouver un moment pour la contempler ? Il y avait des sacs à porter, des vitres à faire, des meubles à déplacer, des chaussures à brosser, des immondices à balayer, des trains à ne pas manquer, des habits à repasser, des trottoirs à arpenter, des formulaires à remplir… Le temps se dérobait. Quand penser à sa misérable existence ? Le soir dans cette minute ténue avant de s’évanouir de fatigue en pensant à la longue journée de travail du lendemain ? Et encore, qui cela pouvait-il intéresser dans le tumulte aux bouches infinies de l’humanité ? Non, non, non, il y avait bien trop à faire pour perdre un seul instant. Il leur fallait avancer. Résolus et calmes comme ils l’avaient toujours été, ils se remettraient donc en route, comme toujours, l’un et l’autre, indéfectibles l’un à l’autre. Ils étaient à deux, la résilience même. Car il fallait bien avancer. Que pouvaient-ils faire d’autre ? Personne ne leur avait jamais enseigné la rhétorique d’un appel à l’aide. Ils n’allaient pas appeler à l’aide. Ils n’allaient être un fardeau pour personne. Ils prendraient les devants et leurs responsabilités. Faire ce qui est juste.

Alors ils firent un dernier tour de l’appartement, vérifiant ses moindres recoins, vides et dépouillés. Comme ils vivaient dans un studio, ce dernier tour d’honneur fut vite expédié, malgré le soin qu’ils y mettaient et leurs pieds qui traînaient. Puis elle le prit par la main et l’entraîna vers la porte à doubles battants du salon. C’est elle qui s’en alla en premier, sans rechigner ni pleurer. A la suite de son épouse, lui eût un mouvement fugace d’hésitation, une dernière ride sur la surface de l’eau avant que le souffle ne s’arrête tout à fait. Mais que pouvait-il faire sans elle ? Ils étaient liés jusque dans la mort et il ne pouvait plus reculer maintenant. Enfin il s’en alla à son tour. Les battants des portes tremblèrent, grincèrent puis se turent. Un gros nuage gris lava le ciel de Villejuif. Doucement il recouvrit le pâle soleil d’octobre et la lumière s’amenuisa jusqu’à disparaître dans le petit appartement. Un silence assourdissant recouvrit les bruits de la rue. Le vrombissement des voitures sur l’avenue s’éteignit, les cris des adolescents s’étouffèrent, le vagissement d’une sirène mourut au loin. Dans l’entrée, les époux se font face comme deux poupées disposées dans chaque encadrement de la porte.

Le lundi 3 octobre 2016, au 9ème étage du 36, Boulevard Maxime Gorki, à Villejuif, un couple de Sud-Coréens, respectivement de 59 et 48 ans, est retrouvé pendu aux portants de son salon. Sur une table, se trouvent une bague, un téléphone et 68 centimes d’euros accompagnant cette lettre :

« Chers. On n’a pas d’une famille, des amis à contacter. La caution (1 350 €) est laissée à M. Z.  pour le loyer et des immeubles se laissent pour les autres. On voudrait enterrer partout en France. SVP. Désolée. »

Ils avaient 3 mois de loyer impayés, soit environ 2500 euros. Une connaissance s’était portée caution solidaire. Aucune procédure d’expulsion n’avait été engagée.

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Installée depuis 10 ans en France, Marie Ranjanoro est Malgache d'origine Chinoise. Si elle écrit principalement de la fiction, elle est également auteure d'un blog cinéma et co-créatrice d'un podcast sur le féminisme malgache, Basy Vavy. https://espritdecontradiction.tumblr.com/ https://www.instagram.com/basyvavy.podcast/

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