Une association taïwanaise affirme avoir vu rejetée sa demande de participation à la fête des bannières, un événement festif lyonnais, suite à l’opposition de la Chine. Le Comité des fêtes de Lyon dément l’existence de pressions chinoises et assure que le candidature de Taïwan est toujours en cours d’examen.

La fête va-t-elle virer à l’imbroglio diplomatique ? Organisée depuis près de 17 ans à Lyon, la Fête des bannières est censée mettre à l’honneur les pays du monde entier à travers leurs drapeaux, notamment lors d’un défilé où chaque nation pavoise ses couleurs dans une ambiance conviviale. 

Mais le rassemblement, qui se veut ouvert culturellement et bon enfant, n’est pas épargné par les tensions internationales. Selon l’association culturelle des Taïwanais de Lyon, la Chine se serait opposée à la participation de la communauté taïwanaise pour la prochaine édition de la fête des bannières en septembre prochain.

“Si Taïwan participe, la Chine ne participera pas”

La candidature de Taïwan, formulée en octobre dernier, avait pourtant été reçue “avec grand plaisir” par le Comité des fêtes de Lyon, se remémore un membre de l’association culturelle des Taïwanais de Lyon qui a instruit la demande de participation. Mais ce 1er juin le couperet tombe : « On nous a très clairement indiqué que le dossier de Taïwan a été refusé car la Chine met la pression en disant que si Taïwan participe, la Chine ne participera pas », déplore le membre de l’association. La fête des bannières n’est pas une « fête politique » aurait également ajouté le Comité des fêtes pour justifier son refus.

« On venait pas à la fête des bannières pour faire de la politique » s’émeut le bénévole de l’association. « Nous ne sommes pas très nombreux à Lyon, on voulait juste être présent avec les autres communautés ». Dans un mail que les Cahiers du Nem ont pu consulter, suite au refus qu’elle avait essuyé, l’association culturelle des Taïwanais a sollicité le président du Comité des fêtes de Lyon, Christian Gelpi, pour contester le rejet de la candidature de Taïwan et se plaindre des pressions chinoises. La démarche à ce jour n’a pas obtenu de réponses.

Sur Twitter, l’indignation de certains spécialistes de Taïwan est patente. « Nous sommes en France et si des associations culturelles chinoises ne souhaitent pas participer à un tel événement culturel si une association taïwanaise y participe, libre à elles de ne pas y participer. Mais faire pression est inacceptable. Nous ne sommes pas en Chine » souligne le 10 juin Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. 

« Depuis quand l’ambassade d’un pays étranger décide qui l’on peut ou non inviter en France ? Depuis quand des Taïwanais ne seraient pas les bienvenus et pour quel motif ? » s’insurge de son côté la député européenne Renaissance Nathalie Loiseau, sur le même réseau et à la même date.

Le Comité des fêtes dément l’existence de pressions chinoises

Contacté ce samedi 10 juin par les Cahiers du Nem, le président du Comité des fêtes de Lyon, Christian Gelpi dément toute pression de la part de Pékin et assure que l’examen de la candidature taïwanaise est encore en cours. « C’est faux, la Chine n’est même pas informée de la demande et le dossier va être soumis au comité d’organisation prochainement », insiste le président. Sur Facebook, il apparaît cependant qu’une première réunion pour l’organisation de la fête des bannières s’est tenue le 31 mai, sans attendre la présence de Taïwan.

Source Facebook

L’origine exacte des pressions chinoises reste « incertaine » admet néanmoins l’association culturelle des Taïwanais de France. L’association taïwanaise fait l’hypothèse d’une obstruction venant d’autres associations de la communauté chinoise, voire du consulat de Chine basé à Lyon. Jusqu’en septembre 2022, la fête des bannières se déroulait en effet en liaison avec les fêtes consulaires de Lyon, un autre événement festif réunissant les consulats étrangers de l’agglomération lyonnaise, dont celui de Chine (les deux événements  sont désormais indépendants révèle le Comité des fêtes sur son site). Il n’existe pas cependant -à ce jour- de preuves d’une implication directe du consulat chinois dans le rejet de la candidature de Taïwan.

Les tensions entre les communautés chinoises et taïwanaises à la fête des bannières ne sont en outre pas nouvelles. « On était présent l’année dernière [en tant que spectateurs] avec notre petit drapeau [taïwanais] » se rappelle le membre de l’association culturelle des Taïwanais de Lyon. « Un membre du comité des fêtes est venu alors nous voir pour nous dire ‘excusez-nous mais les Chinois ne veulent pas que vous soyez là' ». Le Comité des fêtes se montra ce jour-là ensuite plus conciliant, en conseillant aux Taïwanais de déposer une candidature officielle à la fête des bannières. Du côté chinois par contre, les organisateurs allèrent jusqu’à demander aux forces de l’ordre d’expulser les ressortissants de l’île de Formose de l’événement, rapporte le 10 juin la Central News Agency, une agence d’informations basée à Taïwan.

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