J’ai revu Thiệp en avril 2002. Il était de passage à Paris, probablement avec l’aide de l’ambassade de France au Vietnam. Nous avons dîné au restaurant avec Marion Hennebert, directrice des éditions de l’Aube, son éditrice en France. J’avais apporté mon carnet de croquis. Thiệp avait peu changé. Il était juste un peu endimanché, comme tous les Vietnamiens en voyage en Occident, et toujours aussi amical. Je n’ai jamais entendu cet homme récriminer ou vociférer. Il avait son air placide, vaguement amusé ou grave, comme les Vietnamiens lorsqu’ils prennent la pose pour le crayon.

Plus tard, en 2005, les éditions de l’Aube me confièrent  l’illustration de couverture du nouveau roman de Thiệp, traduit par Sean James Rose, À nos vingt ans. Ce roman était interdit à la publication au Vietnam. Thiệp s’y faisait le porte-voix d’une jeunesse en perte de repères. Son fils cadet avait basculé dans la drogue. Il racontait la cohabitation paradoxale du régime communiste et du nouveau capitalisme débridé.

Pour faire le crayonné de l’illustration de couverture, j’avais demandé au traducteur Sean James Rose – un ami – de poser en jeune motard. Le voici juché sur mon vélo dans la cour de mon ancien atelier parisien, en 2005.

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